L’élégance du hérisson par Muriel BARBERY (2006)

4ème de couverture : « Je m’appelle Renée, j’ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j’ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l’image que l’on se fait des concierges qu’il ne viendrait à l’idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants. »
« Je m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal à poissons, la vacuité et l’ineptie de l’existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C’est pour ça que j’ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai. »

Ce roman a fait l’objet d’une lecture commune avec George et Cynthia, qui l’aura plus apprécié que moi je l’espère, car pour ma part, ce fut un flop.
J’ai vu le film tiré de ce livre lors de sa sortie au cinéma et déjà, je n’avais pas aimé. Las, le roman se trouvait déjà dans ma PAL…
Ce qui m’a agacée (et le mot est faible), c’est le personnage de Renée, la concierge érudite. Elle est, de son propre aveu, « petite, laide, grassouillette », issue d’un milieu pauvre et a le jugement aussi rapide et faussé que les « riches » qu’elle abhorre. Comme le fait dire l’auteure à Paloma, « l’instruction […] est une escroquerie fumante ». Renée est instruite, aime lire, l’art, la belle musique mais pour ma part, je l’ai trouvée plutôt élitiste et les passages dont elle est la narratrice m’ont prodigieusement irritée ; des mots compliqués et inusités, des réflexions philosophiques sans fin qui m’ont ennuyée au possible.
J’ai préféré de loin les extraits du journal de Paloma, jeune surdouée en proie à des interrogations vis à vis de son avenir et du monde qui l’entoure, même si je lui ai trouvé la dent dure par rapport à sa famille mais rien que de très normal à cet âge.
Elle est d’ailleurs la narratrice des dernières très belles pages qui font que je referme ce roman sur une impression pas trop mauvaise ; ça et cette phrase qui m’a rappelé une petite discussion avec Choco sur ce blog : « Que reste-t-il d’une vie, au juste, quand ceux qui l’ont vécue ensemble sont désormais morts depuis si longtemps ? […] il faut encore mettre à mort ceux qui ne subsistent plus que par nous. »
Mais souvenez-vous ce que je disais en préambule de ce billet : et bien, maintenant que j’ai lu le roman, je peux dire que je préfère le film. ^^

Les Chutes par Joyce Carol OATES (2004)

4ème de couverture : Au matin de sa nuit de noces, Ariah Littrell découvre que son époux s’est jeté dans Les chutes du Niagara. Durant sept jours et sept nuits, elle erre au bord du gouffre, à la recherche de son destin brisé. Celle que l’on surnomme désormais  » la Veuve blanche des Chutes  » attire pourtant l’attention d’un brillant avocat. Une passion aussi improbable qu’absolue les entraîne, mais la malédiction rôde…

 

Je fais un petit passage pour publier mon billet sur Les Chutes car nous en avons fait une lecture commune avec Manu (que je remercie également car c’est elle qui m’avait offert le roman :-)) et Mango.

Je n’ai pas pu me balader ce week-end sur la blogosphère, l’ordinateur m’a attendue patiemment mais je n’ai pas trouvé le temps de l’allumer, j’espère me rattraper  cette semaine. 😐

Encore un roman lu de Joyce Carol OATES et de nouveau cette plongée en apnée dans l’univers troublé de la romancière. A ce jour, Les Chutes est certainement un de ceux qui m’ont le plus plu. Au lendemain de leur nuit de noces, le mari d’Ariah se suicide en se jetant dans les Chutes du Niagara ; une malédiction dont Ariah s’imaginera être marquée. Même après s’être remariée, avoir eu trois enfants et avoir construit une famille (« La vie hors de la famille est une mascarade », elle pensera être « damnée ».

Le temps passant lui donnera plus ou moins raison et chacun de ses enfants portera en lui le poids de cette condamnation divine, gravée en lui, imprégnée dans l’éducation dispensée par cette femme excentrique. A l’âge adulte, chacun d’entre eux va tenter à sa manière de se défaire de cette funeste emprise et de suivre son propre chemin.

Ici, nous suivons la vie d’Ariah depuis son 1er mariage jusqu’à l’entrée de ses enfants dans l’âge adulte. Les points de vue diffèrent, passant de celui de « La Veuve blanche des Chutes » à celui de son mari puis à ceux de ses enfants.

Joyce Carol OATES nous offre là un roman tumultueux, bercé par le grondement bouillonnant et vertigineux des Chutes, qui sont omniprésentes dans le récit et dans la vie des personnages.

Le premier chapitre est d’ailleurs à l’image du reste du roman : à couper le souffle !

Hotaru par Aki SHIMAZAKI (2003) – Le poids des secrets Tome 5

4ème de couverture : A la saison des lucioles (hotaru), lorsqu’elle rend visite à sa grand-mère Mariko Takahashi, Tsubaki est loin de se douter que celle-ci lui confiera bientôt le secret qui ronge sa vie depuis cinquante ans, incapable qu’elle fut de le révéler à son mari. Etudiante en archéologie, Tsubaki apprend à travers cette confession les lois cruelles de la vie : l’innocence et la naïveté des jeunes filles sont souvent abusées par les hommes de pouvoir et d’expérience, et leur destinée s’en trouve à jamais bouleversée.

Cette fois-ci, pas de retard pour moi, je me joisn à Manu et Cynthia (dans les temps) pour la publication du billet sur le dernier tome de cette pentalogie qui dans l’ensemble a su me séduire.

Pour clore son récit, l’auteure choisit comme narratrice Tsubaki, fille de Yukio et petite-fille de Mariko.
Cette dernière, très proche de sa petite-fille, et sentant venir ses derniers jours, se confie à elle. En lui révélant son secret, elle offre au destin l’opportunité de ne pas se reproduire.
J’ai vu dans cette conclusion un message d’espoir. Malgré les abandons, le deuil, la tromperie, le mépris, la bombe atomique, la guerre et les tremblements de terre, Mariko a su garder foi en l’avenir et créer sa propre famille.
Cette dernière confession tient lieu de flambeau qu’elle passe à sa descendante.

Cette lecture rentre dans le cadre du Challenge In the mood for Japan, organisé par Choco (on clique sur le logo pour y arriver directement).

Wasurenagusa par Aki SHIMAZAKI (2003) – Le poids des secrets Tome 4

4ème de couverture : Après un premier mariage raté, Kenji Takahashi découvre qu’il est stérile. Accablé, il quitte la maison familiale. Seule compte encore pour lui sa nurse, Sono. Lorsqu’il fait la connaissance de Mariko, qui vit seule avec son fils Yukio, il en tombe amoureux et l’épouse contre l’avis de ses parents, qui le déshéritent. Quarante-six ans plus tard, retraité et affaibli, il recherche les traces de Sono. Au moment où il retrouve sa tombe, sur laquelle est inscrit le nom de la fleur de myosotis (wasurenagusa), il découvre le secret de ses origines et le malheur qui a frappé ses parents.

J’ai (encore) raté la lecture commune avec Manu et Cynthia (désolée les filles, boulet je suis, boulet je reste ^^) mais voici quand même mon billet.

Un peu d’essoufflement pour moi à la lecture de ce 4ème tome.
Peut-être est-ce du au fait que contrairement aux 3 autres tomes, je n’ai pas pu lire celui-ci d’une traite mais par fragments. Ou bien peut-être que je commence à être rompue aux secrets mais l’histoire de Kenji Takahashi, soit le père adoptif de Yukio, m’a paru moins mystérieuse que les autres. Et j’avais compris assez rapidement « le secret de ses origines ».
Mais cependant, mon plaisir ne s’est pas démenti en tournant les pages de ce court roman. L’écriture et le style sont toujours aussi frais et agréables.
De plus, arrivée à ce stade, je commence à avoir une vue d’ensemble de la pentalogie beaucoup plus nette et l’intérêt s’en trouve renouvelé.

Cette lecture rentre dans le cadre du Challenge In the mood for Japan, organisé par Choco (on clique sur le logo pour y arriver directement).

Du bout des doigts par Sarah WATERS (2002)

4ème de couverture : Londres, 1862. A la veille de ses dix-huit ans, Sue Trinder, l’orpheline de Lant Street, le quartier des voleurs et des receleurs, se voit proposer par un élégant, surnommé Gentleman, d’escroquer une riche héritière. Orpheline elle aussi, cette dernière est élevée dans un lugubre manoir par son oncle, collectionneur de livres d’un genre tout particulier. Enveloppée par une atmosphère saturée de mystère et de passions souterraines, Sue devra déjouer les complots les plus délicieusement cruels, afin de devenir, avec le concours de la belle demoiselle de Briar, une légende parmi les cercles interlopes de la bibliophilie érotique. Héritière moderne de Dickens, mais aussi de Sapho et des Libertins, Sarah Waters nous offre une vision clandestine de l’Angleterre victorienne, un envers du décor où les héroïnes, de mariages secrets en amours interdites, ne se conduisent jamais comme on l’attendrait. Un roman décadent et virtuose.

 

Je viens de lire un roman tout à fait machiavélique ! 750 pages avalées en 5 longs jours ; longs parce que les « pauses » obligatoires pour aller travailler, manger ou dormir entre deux moments de lecture m’ont rarement paru aussi longues. Il me tardait même d’être au lendemain matin pour reprendre mon livre, c’est dire !

Élevée dans un repaire de voleurs et petite voleuse elle-même, Sue participe à un coup monté afin de faire main basse sur la fortune d’une jeune héritière orpheline vivant avec son oncle. Pour cela, elle se fait passer pour une femme de chambre et obtient ainsi son ticket d’entrée pour le château de Briar. Mais une fois dans la place, tout ne va pas se dérouler comme prévu.

Le récit est découpé en 3 parties et à la fin de la 1ère partie, je n’ai pu retenir un « Non ?!? » de surprise. Sarah WATERS s‘y entend pour noyer son lecteur dans une atmosphère sombre, dangereuse et parfois lugubre. Elle dépeint aussi bien les bas-fonds de Londres au XIXème siècle que la vie dans un château ou les conditions de vie dans un asile psychiatrique. Tous les lieux traversés dans ces pages paraissent aussi peu rassurants les uns que les autres et j’ai frissonné plus d’une fois devant les épreuves que Sue ou Maud, la jeune châtelaine, doivent affronter.

Un roman haletant qui fut pour moi un véritable coup de cœur !

Je remercie Yoshi73 car c’est grâce à une lecture commune que j’ai enfin pu faire sortir ce roman de ma PAL et je vais de ce pas lire son avis !

Tsubame par Aki SHIMAZAKI (2001) – Le poids des secrets Tome 3

4ème de couverture : Lors du tremblement de terre de 1923, qui a dévasté la région du Kanto et entraîné plus de cent quarante mille morts, la Coréenne Yonhi Kim devient, question de survie, la Japonaise Mariko Kanazawa. A la fin de sa vie, alors qu’elle est veuve, mère d’un chimiste et grand-mère de trois petits-enfants, le mystère de sa naissance lui est dévoilé : le prêtre catholique qui l’avait recueillie dans son église lors du tremblement de terre, surnommé monsieur Tsubame, était-il l’instrument du destin qui a permis à cette hirondelle de s’élancer hors du nid ?

Un nouveau tome et un nouveau secret.
C’est maintenant à Mariko, la mère de Yukio, de nous livrer son histoire. Son récit court de ses 13 ans jusqu’à ses vieux jours et la destinée de cette femme est vraiment émouvante.
Mais au-delà de l’orpheline elle-même mère d’un enfant naturel, Mariko a caché toute sa vie un autre secret qui fait pourtant entièrement partie d’elle.
Pour l’instant, c’est ce tome 3 qui m’a le plus touchée, la douleur de l’abandon et de la perte toujours présente des années plus tard. Il y a en effet des souffrances avec lesquelles on apprend à vivre mais qui ne s’effacent pas pour autant.

 

Cette lecture rentre dans le cadre du Challenge In the mood for Japan, organisé par Choco et ce fut une lecture commune avec Choco, Cynthia et Manu.

Lignes de faille par Nancy HUSTON (2006)

4ème de couverture : Entre un jeune Californien du XXIe siècle et une fillette allemande des années 1940, rien de commun si ce n’est le sang. Pourtant, de l’arrière-grand-mère au petit garçon, chaque génération subit les séismes politiques ou intimes déclenchés par la génération précédente. Monstrueuses ou drôles, attachantes ou désespérées, les voix de Sol, Randall, Sadie et Kristina – des enfants de six ans dont chacun est le parent du précédent – racontent, au cours d’une marche à rebours vertigineuse, la violence du monde qui est le nôtre, de San Francisco à Munich, de Haïfa à Toronto et New York. Quel que soit le dieu vers lequel on se tourne, quelle que soit l’époque où l’on vit, l’homme a toujours le dernier mot, et avec lui la barbarie. C’est contre elle pourtant que s’élève ce roman éblouissant où, avec amour, avec rage, Nancy Huston célèbre la mémoire, la fidélité, la résistance et la musique comme alternatives au mensonge.

Je vais commencer par présenter toutes mes excuses à Manu avec qui je devais faire une lecture commune. La lecture je l’ai faite, pas de problème mais pour ce qui est de la rédaction et de la publication du billet, on peut constater que je suis un peu en retard. Désolée Manu… 😐
Alors revenons au roman.
J’avais ce livre dans ma PAL suite aux nombreux billets élogieux lus sur la blogosphère et finalement, je ne fais pas partie des totalement conquis(es).
En fait, j’ai été gênée voire même horrifiée par la personnalité du premier petit garçon à prendre la parole, Sol. Il porte sur ses épaules le poids des traumatismes des 3 générations précédentes et celà, associé à sa relation plus que fusionnelle avec sa mère, a suffi à en faire à mes yeux une graine de monstre. Et ce sentiment de malaise dès le départ a continué à me poursuivre pendant ma lecture alors même que je m’attachais aux narrateurs suivants.
La trame narrative est vraiment très originale et chaque chapitre prend plus de sens après avoir lu le précédent (je sais ma phrase est idiote,  on lit forcément un chapitre après l’autre mais je n’ai pas réussi à la tourner autrement…). J’aime assez ce genre de procédé dans les films (Irréversible de Gaspar Noé, 5×2 de François Ozon…) mais je ne crois pas l’avoir déjà croisé dans un roman ou alors ça ne m’a pas marquée tant que ça.
J’ai aimé la manière de décrire la relation de chaque enfant avec ses parents et avec les bouleversements du monde extérieur et la manière dont on comprend comment tout celà a influé sur sa personnalité d’adulte.
Comme beaucoup des lecteurs de ce roman, j’aurais aimé le relire immédiatement après avoir tourné la dernière page mais je me suis contentée de retourner piocher des noms récurrents par ci par là.
Cette lecture fut pour moi l’occasion d’une belle découverte de Nancy Huston et seule la personnalité du 1er narrateur m’a empêchée d’adhérer totalement au roman. Et d’ailleurs, je suppose que c’est parfaitement voulu de la part de l’auteure mais j’ai eu beaucoup de mal à passer outre.

L’étrange disparition d’Esme Lennox par Maggie O’FARRELL (2006)

4ème de couverture : Entre l’Inde et l’Écosse, des années 1930 à nos jours, l’histoire déchirante d’une femme enfermée, rejetée de la société et oubliée des siens. Un roman d’une beauté troublante, où s’entremêlent des voix aussi profondes qu’élégantes pour évoquer le poids des conventions sociales et la complexité des liens familiaux, de l’amour à la trahison. A Édimbourg, l’asile de Cauldstone ferme ses portes. Après soixante ans d’enfermement, Esme Lennox va retrouver le monde extérieur. Avec comme seule guide Iris, sa petite-nièce, qui n’avait jamais entendu parler d’elle jusque-là. Pour quelle étrange raison Esme a-t-elle disparu de la mémoire familiale ? Quelle tragédie a pu conduire à son internement, à seize ans à peine ? Toutes ces années, les mêmes souvenirs ont hanté Esme : la douceur de son enfance en Inde, le choc de son arrivée en Écosse, le froid, les règles de la haute bourgeoisie et, soudain, l’exclusion… Comment sa propre sœur, Kitty, a-t-elle pu cacher son existence à ses proches? Et pourquoi Iris se reconnaît-elle tant dans Esme ? Peu à peu, de paroles confuses en pensées refoulées, vont ressurgir les terribles drames d’une vie volée…

A 16 ans, Esme Lennox est internée contre son gré dans un hôpital psychiatrique. Au dehors, ses parents et sa soeur Kitty font une croix sur elle et la vie continue… sans Esme Lennox.
Soixante ans plus tard, alors que l’hôpital ferme ses portes et que l’administration cherche des solutions de relogement pour ses pensionnaires, Iris, la petite-nièce d’Esme, est contactée car elle est la seule famille qui lui reste. En effet, Kitty est atteinte de la maladie d’Alzheimer et n’est plus vraiment en phase avec le monde tel qu’il continue d’exister.
Du même coup, Iris va apprendre l’existence d’une grand-tante dont elle n’a jamais entendu parler et certains pans du passé de sa famille vont se dévoiler.
J’ai aimé ce roman, à tel point que la nuit qui a suivi ma lecture, j’ai rêvé que je reprenais mon livre et que je découvrais un chapitre qui m’avait échappé intitulé « Une quinzaine de jours plus tard ». 🙂
La trame narrative m’a beaucoup plu. Sans que le livre soit découpé en chapitres proprement dits, on navigue dans les pensées d’Iris, coincée avec « une vieille démente », les souvenirs d’Esme et ses réactions face au monde qu’elle découvre et les souvenirs, confus et précis à la fois, de Kitty qui se remémore ses jeunes années.
Je me suis laissée aller au gré de cette marée de sensations, de souvenirs souvent tristes. Esme est intrigante et le personnage d’Iris, en proie à ses propres démons, est également fascinant.
Ce roman a fait l’objet d’une lecture commune avec Cynthia, Jules et Liliba, je file voir ce qu’elles en ont pensé.

Seul le silence par Roger Jon ELLORY (2007)

4ème de couverture : Joseph a douze ans lorsqu’il découvre dans son village de Géorgie le corps d’une fillette assassinée. Une des premières victimes d’une longue série de crimes. Des années plus tard, alors que l’affaire semble enfin élucidée, Joseph s’installe à New York. Mais, de nouveau, les meurtres d’enfants se multiplient… Pour exorciser ses démons, Joseph part à la recherche de ce tueur qui le hante. Avec ce récit crépusculaire à la noirceur absolue, R. J. Ellory évoque autant William Styron que Truman Capote, par la puissance de son écriture et la complexité des émotions qu’il met en jeu.

La blogosphère a souvent raison et la preuve en est une nouvelle fois faite avec ce premier roman traduit en français de R.J. ELLORY.

Une lecture commune pour un livre pas si commun. Y ont participé Canel, Del, Liliba et Jules.

Dès les premiers mots, le ton est donné, une ambiance de désespoir, un sentiment de solitude parmi la multitude.

« Coups de feu, comme des os se cassant.
New York : sa clameur infinie, ses rythmes métalliques âpres et le martèlement des pas, staccato incessant ; ses métros et cireurs de chaussures, carrefours embouteillés et taxis jaunes ; ses querelles d’amoureux ; son histoire, sa passion, sa promesse et ses prières.
New York avala le bruit des coups de feu sans effort, comme s’il n’avait pas plus d’importance qu’un simple battement de cœur solitaire.
Personne ne l’entendit parmi une telle abondance de vie.
Peut-être à cause de tous les autres bruits.
Peut-être parce que personne n’écoutait.
Même la poussière, prise dans le clair de lune filtrant par la fenêtre du deuxième étage de l’hôtel, soudain déplacée sous l’effet des coups de feu, reprit son chemin errant mais régulier.
Rien ne s’était produit, car c’était New York, et de telles morts solitaires et insoupçonnées étaient légion, presque indigènes, brièvement remémorées, oubliées sans effort.
La ville continuait de vaquer à ses occupations. Un nouveau jour commencerait bientôt, et rien d’aussi insignifiant que la mort ne possédait le pouvoir de les différer.
C’était juste une vie, après tout ; ni plus, ni moins. »

Voilà, vous avez tout le prologue. Je n’ai pas réussi à me décider à en couper. A un moment du roman, Joseph Vaughan et un de ses amis discutent des premières phrases des romans et de leur importance. En voici un bel exemple, après une telle entrée en matière, j’étais déjà totalement conquise.

Bien sur, la suite aurait pu me décevoir. Elle aurait pu, mais fort heureusement, ça n’a pas été le cas.

Joseph grandit dans une petite ville de Géorgie. Tout au long de son enfance, un tueur d’enfants sévit et la personnalité entière de Joseph va être façonnée selon la perception qu’il a de ces crimes. Il ressent un fort sentiment de culpabilité comme s’il avait pu empêcher que ces horreurs ne se produisent et cette quête du tueur va le poursuivre sa vie durant. Enfant brillant et ayant un don certain pour l’écriture, il partira à l’aube de ses 20 ans pour New York où il espère se fondre dans l’anonymat qu’offre cette mégapole et ainsi oublier peut-être la ville d’Augusta Falls et les malheurs qu’il a subis.

« Peut-être cette idée fut-elle précipitée par mes lectures, par la prise de conscience qu’il y avait un monde au-delà d’Augusta Falls, un monde où l’étroitesse d’esprit, l’amertume et le ressentiment ne compteraient pas. L’anonymat m’attirait, l’anonymat d’une grande ville pleine de vie et de gens, si riche de bruit qu’un simple visage, une simple voix, se remarqueraient à peine. Peut-être cette idée était-elle ma manière de fuir tout ce qui s’était passé »

Le récit alterne entre ce que j’appelle la voix off, c’est-à-dire les pensées et souvenirs de Joseph adulte, à ce jour et les chapitres relatant son enfance, lorsque le narrateur n’a pas encore conscience de tous les évènements qui vont se dérouler.

R.J ELLORY tient ainsi son lecteur bien accroché puisque si nous connaissons une partie du dénouement, nous mourons d’envie de savoir comment il en est arrivé là. Les pages se tournent sans effort, la plume de l’auteur m’a ravie, elle est d’une rare efficacité, gardant un rythme soutenu mais sans être heurtée malgré tout.

Une ambiance oppressante et étouffante se met en place, empreinte d’une certaine inéluctabilité, et pourtant, à l’inverse du narrateur, nous gardons espoir.

Cependant, je n’ai pas été très surprise par la découverte de l’identité du tueur d’enfants, je l’avais deviné (enfin je m’en doutais) à peu près au premier tiers du livre. Et d’ailleurs, c’est ce que j’ai aimé aussi dans ce roman, le fait que l’auteur ne nous prenne pas pour des idiots, glisse des indices sur le tueur, ce qui m’a permis de me sentir impliquée.

C’est pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, que je ne pense pas à évoquer maintenant, que j’ai eu un véritable coup de cœur pour ce roman. Les deux suivants étaient déjà dans la LAL, ils vont bientôt passer dans la PAL.

« Je supposais que comme je n’avais plus de larmes en moi, le ciel pleurait à ma place. »

« Avec le recul, ma vie ressemblait à une série d’incidents reliés les uns aux autres. Comme une suite de wagons de marchandises qui auraient déraillé, chacun indépendant et pourtant rattaché au suivant. L’un des wagons avait quitté les rails – peut-être la mort de mon père – et à partir de là, tout avait rapidement, résolument, suivi. J’en étais venu à croire que j’étais prisonnier de ces wagons, et que si je ne me désengageais pas, je finirais par basculer dans le vide. »

Le bal des débris par Thierry JONQUET (1998)

4ème de couverture : Tout a changé dans la vie de Frédo, qui pousse des chariots dans un hôpital pour vieux, le jour où Alphonse Lepointre, plombier-zingueur dans le civil mais resté truand dans l’âme, a été admis aux urgences. Ensemble, ils décident de monter le coup de leur vie: c’est le soir du bal, le bal des débris, qu’ils vont soulager de ses diamants une riche pensionnaire, par ailleurs bien gardée…
Rebondissements, panique, prise d’otages: Jonquet met en scène une époustouflante course-poursuite au terme de laquelle les diamants sortiront bien de l’hôpital. Mais dans quelles conditions! Et pourquoi ?


A l’occasion d’une lecture commune avec Canel, Calypso et Val, j’ai enfin découvert la verve de Thierry JONQUET avec Le bal des débris.

Avec Frédo, notre narrateur, on rentre dans le vif du sujet : « Mon boulot, c’est de pousser des chariots. Depuis quatre ans que je travaille à l’hosto, j’ai dû faire des centaines de kilomètres avec mes chariots. Je suis un expert en chariots, de beaux chariots avec deux grosses roues à l’arrière et deux petites à l’avant. Dossier en skaï, frein à manette. C’est pas drôle de pousser des chariots, huit heures par jour. Des chariots vers le labo, des chariots vers la radio, des chariots vers les goguenots ! »

Il travaille donc dans un hôpital pour « vieux » et entre ses chariots la journée et sa femme syndicaliste à la maison le soir, sa vie n’est franchement pas folichonne. Jusqu’au jour où il rencontre « son » Lepointre, un patient un peu truand sur les bords. Ensemble, ils vont monter un coup afin de dérober les bijoux d’une vieille femme hospitalisée pour, je vous le donne en mille, fracture du col du fémur.Et cette opération se déroulera lors d’un bal costumé donné pour les résidents de l’hôpital, le fameux bal des débris.

Mais bien sur, tout ne se passe pas comme prévu….

D’un ton moqueur et jouissif, Thierry JONQUET nous dépeint des personnages pittoresques et hauts en couleur. La plume est enlevée, le propos incisif et c’est avec plaisir que j’ai suivi les multiples péripéties de Frédo, devenu gangster à la faveur d’une rencontre, un peu par hasard.

J’ai aimé cette peinture vivante, drôle, souvent cruelle, cette représentation sans complaisance d’un mouroir où les personnes âgées sont amenées « pour y crever », « la salle d’attente du cimetière ».

« Au beau milieu de ce cloaque, la présence du trésor me torturait. On ne pouvait faire mieux dans l’indécence.
Jamais comme ce jour-là, je n’ai autant haï l’hosto, jamais autant je n’ai vomi son odeur. […] L’odeur de l’hosto. Pas de l’hôpital, de l’hosto. De l’hosto à vieux. De la décharge à vieux. »

Heureusement, on sent parfois une vraie tendresse de Frédo envers ses « vieux » et cela compense légèrement le cynisme du propos.

« Tu danses lentement, en marchant seule dans cet immense couloir dont les portes s’ouvrent sur la mort. Tu tournes sur toi-même avec élégance, en faisant virevolter les manches amples de ta veste de Pierrot. Et de tes yeux coulent des larmes.
Dans ce couloir sinistre, tu t’éloignes de moi qui me cache contre le mur. Tu ne m’as pas vu, tu t’en vas comme un fantôme. Tu as disparu et je n’entends plus ta voix, Mme Clara. »

Cette lecture rentre aussi dans le cadre du Challenge 2 euros organisé par Cynthia. Cliquez sur le logo !