Laure du bout du monde par Pierre MAGNAN (2006) – Import ancien blog

4ème de couverture : « – Qu’est-ce que ça veut dire aimer ?

– Je l’ai lu dans un livre, dit Laure.

– À la maison, depuis que je suis né, personne, tu entends bien ? personne ! n’a jamais prononcé ce mot. Le mot aimer et le mot tendresse n’ont jamais fait souche ici. Le bonheur, ajouta le grand-père, c’est une distraction de riches. »

Voici ce qu’on pense du sentiment à Eourres quand Laure naît. Cette phrase du livre est comme une fiche d’état civil pour Laure qui pèse sept cent cinquante grammes à sa naissance. Pas plus qu’Eourres on ne peut l’inventer parce que seul ce pays pouvait permettre cette naissance. Il est impossible de concevoir, si on ne les a pas vus, ces montagnes, cette géologie démentielle, ce chaos de la fin des temps ou de leur début. Songez au silence, à l’isolement, mais songez à l’obstination de Laure qui à trois ans demande à apprendre à lire et à six conduit le troupeau. Songez à cette petite fille perdue dans ce pays sans grâce qui veut échapper non pas à sa condition mais à son ignorance de la vie. Songez à tout ce qu’elle va devoir braver si elle y parvient. P.M.

A la naissance, Laure ne pèse même pas un kilo et sa mère refuse de l’allaiter. Cependant, grâce à l’aide de ses tantes et à sa volonté de vivre, elle s’en sortira. Il en ira de même tout au long du roman. Laure grandit à Eourres, un milieu plutôt hostile, « abrupt, sans mollesse, construit pour se garantir contre l’homme » ; elle frôle d’ailleurs la mort à plusieurs reprises. D’autre part, sa famille n’est pas tendre non plus avec elle. Laure est issue d’une famille paysanne et elle est élevée en tant que telle, à la rude. Pas de place pour les sentiments ou les mots doux, le travail et la besogne passent avant tout le reste.

Je n’ai pu qu’être touché par le portrait de cette gamine qui, haute comme 3 pommes, ne rechigne devant aucune tâche, aussi ardue soit-elle, ne se plaint à aucun moment. Elle ne pense même pas à se plaindre d’ailleurs car tout ceci fait partie de son chemin, celui qui s’est dessiné pour elle à partir du moment de sa naissance.

Laure possède également une volonté inébranlable et « une joie de vivre indomptable » qui lui permettront d’aller plus loin que ce à quoi elle était destinée. Car, sans vouloir échapper à son pays, elle veut tout ce qu’elle peut avoir et elle se donne les moyens de l’obtenir.

Cependant, j’ai été souvent gênée par le parler paysan qui, à mon sens, bloque l’émotion. Et le style de l’auteur, parfois ardu comme les paysages qu’il décrit, ne m’a pas toujours convaincue.

Une jolie découverte tout de même. _Chaine-livres.jpg

NB : Mes billets étant plutôt en retard, ils ne suivent pas forcément l’ordre correct de la Chaine mais je les ai lus dans l’odre (enfin je crois ).

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