Beach Music par Pat CONROY (1995)

Me voici de retour après plusieurs mois (!!!) d’absence de la blogosphère. Mine de rien, le temps passe vite et il faut que je me remette tout doucement à flot. Une des raisons de ma « disparition » étant un futur déménagement, il me reste encore beaucoup de choses à faire et je risque donc d’avoir une présence plutôt aléatoire sur ce blog. Mais qu’importe, je suis heureuse et pour fêter ça, mon premier article de l’année sera sur Beach Music, un véritable coup de cœur. 🙂 Et maintenant, je vais pouvoir aller me promener sur vos blogs trop longtemps délaissés.

 

4ème de couverture : Installé à Rome avec sa fille Leah, Jack McCall s’est juré de ne plus revenir à Waterford (Caroline-du-Sud), que le suicide de sa femme Shylla et le procès intenté contre lui par sa belle famille l’ont poussé à quitter. Un télégramme lui annonçant l’agonie de sa mère va cependant le faire changer d’avis.

Dès son arrivée, les souvenirs affluent… Des souvenirs où les drames de chacun renvoient aux commotions de l’Histoire, de l’Holocauste à la guerre du Viêtnam, à tout un passé chaotique avec lequel Jack devra se réconcilier.

Les forêts et les marécages de Caroline-du-Sud, les plages et les parties de pêche de l’enfance entourent d’une poésie sauvage cette saga aux mille ramifications.

 

Coup de cœur !

Un grand merci à Manu qui m’a offert ce livre (elle savait ce qu’elle faisait! :-)) et un immense merci à Pat CONROY qui pour la seconde fois, m’émerveille et m’éblouit (Pat, si tu me lis… ^^).

En prenant comme point central de son roman Jack McCall, un sudiste exilé en Italie après le suicide de sa femme et en suivant comme fil conducteur son retour en Caroline du Sud à l’annonce de la leucémie de sa mère, Pat CONROY entraine son lecteur dans un récit qui aborde tout à la fois l’Holocauste, la guerre du Vietnam, les passés troubles, les relations parents-enfants, l’amour, l’amitié, la réussite ou la recherche du bonheur et qui se déroule dans des décors aussi somptueux ou effrayants que Venise, l’Europe pendant la Seconde Guerre Mondiale et surtout le Sud, à la fois attirant et repoussant. En plus d’être formaté par l’éducation reçue, chaque personnage porte le poids du passé de ses parents et ce retour au pays va être l’occasion pour Jack de faire le point sur son propre passé, de l’affronter et non plus l’éviter ou l’ignorer, et cela lui permettra de ne pas reproduire le même schéma avec sa fille.

Les personnages créés par Pat CONROY sont nombreux et tous aussi complexes les uns que les autres et cela donne lieu à de multiples flashbacks éclairant certains des aspects les moins glorieux de notre histoire.

La structure narrative, par laquelle les souvenirs affluent lentement et progressivement sans pour autant laisser de temps mort, qui nous montre Jack évoluer doucement et ne laisse aucun personnage dans l’ombre, ainsi que le style somptueux et florissant m’ont énormément touchée.

J’ai été émue en particulier par l’amour/haine voué par Jordan à son père et qui, pour lui plus que pour tout autre, a décidé du reste de sa vie.

J’ai trouvé dans ces pages une infinie splendeur et le soleil du Sud qui m’a un peu réchauffée par cet hiver glacial. Superbe !

Le Prince des Marées par Pat CONROY (1986) – Import ancien blog

4ème de couverture : Tom, Luke et Savannah ont grandi au paradis, dans le sud faulknérien, sur la petite île de Melrose où leur père pêchait et leur mère régnait par sa beauté. Comment survivre à tant de bonheur et de poésie ? Leur enfance éblouie et perdue préfigure les drames inévitables de l’âge adulte. Parce qu’ils refusent de mûrir, de vieillir, leurs rêves d’art, d’exploits, de justice vont se heurter à la brutalité du monde réel. La géniale et tragique Savannah et ses frères affrontent l’amour, la solitude et la peur de vivre avec une ironie désespérée. De leurs blessures inguérissables naissent des fous rires sans fin et une immense tendresse.

Entre l’émotion et la vivifiante intelligence, « Le Prince des Marées » est un de ces livres magiques qui peuvent vous briser le cœur, un de ceux que l’on n’oublie jamais.

3ème livre du défi Blog-o-trésors et 2nd coup de cœur dans le cadre de ce challenge. Décidément, ce n’est pas pour rien que ce titre figurait dans la liste et qu’il est encensé par la blogosphère.

Cette lecture était une lecture commune avec Mango et j’espère qu’elle est aussi conquise que je l’ai été (à voir sous peu puisque Mango était elle aussi en retard pour cette lecture commune, et bien oui, pas facile de tenir des engagements de lecture, de publication de billets en période de fêtes… ).

Voici un roman noir, très noir mais paradoxalement l’amour y est toujours très présent.

Tom, Luke et Savannah naissent en Caroline du Sud dans la famille Wingo, « que le destin a mille fois éprouvée et laissée sans défense, humiliée, déshonorée ». A l’approche de la quarantaine, la énième tentative de suicide de Savannah sera l’occasion pour Tom, sous couvert d’aider la psy de sa sœur à mieux la comprendre, de revenir sur une enfance qui n’a pas été aussi idyllique que le présente la 4ème de couverture.

Suivant le déroulement de ses souvenirs, Tom revient sur les facteurs qui ont influencé leur épanouissement au point de faire de Savannah « une poétesse doublée d’une psychotique », de lui un homme fuyant « cette tranche amère et monstrueuse d’américanité qu’était l’échec de [sa] vie » et de Luke « le prince des marées ».

L’ambition de leur mère qui « désirait être une femme avec qui l’on doit compter, une femme qui tient les premiers rôles », le passé de leur père, « son enfance avait été un désastre licite de négligence », et jusqu’au simple fait d’avoir grandi dans le Sud, « la vie sudiste est une condamnation à mort », ont contribué à cette destinée qui apparait au fil des pages comme étant inexorable.

Des personnages d’une profondeur rare, extrêmement fouillés, un récit sans temps mort malgré le millier de pages écrites, une émotion latente à chaque page, à chaque phrase –ainsi que malgré tout un très bel hommage au Sud, « le Sud exige trop de renoncement à ce que l’on est vraiment pour envisager d’y vivre »– ; il n’en fallait pas plus pour que je tombe sous le charme de ce roman dont j’ai relu plusieurs fois le dernier chapitre (signe qui ne trompe pas) et qui m’a hantée pendant plusieurs jours après l’avoir refermé.

« Un kyste gênant s’était greffé aux vies américaines que nous menions, une harmonie complexe qui serait sollicitée le jour où le monde perdrait le contrôle de sa propre course et où les étoiles s’aligneraient en fabuleuses formes bestiales, conspireraient pour prendre ma famille au piège des eaux tranquilles de notre fleuve et nous découperaient en morceaux pour servir d’appâts. »